Arthur Regnault, architecte de l’église de Maxent

Le XIXe siècle est marqué par une véritable « fièvre bâtisseuse » d’églises, et plus particulièrement en Bretagne (168 constructions dans le seul département d’Ille-et-Vilaine). Plusieurs facteurs expliquent ce fantastique mouvement de construction ou de restauration : le délabrement des églises, l’augmentation de la population dans les paroisses urbaines principalement, mais aussi un besoin de reconquête des âmes. L’architecte Arthur Regnault participa pleinement à cet élan de renouvellement du patrimoine religieux. Arthur Regnault (1839, Bain-de-Bretagne – 1932, Rennes) fut un architecte français particulièrement actif.

Figure importante de l’architecture religieuse du XIXe siècle en Ille-et-Vilaine, Arthur Regnault a voué sa carrière à la construction d’églises. Qu’elles soient modestes ou monumentales, elles expriment par leur conception raisonnée une adéquation parfaite entre l’architecture et le sacré. Cet architecte inspiré et talentueux a construit, sur ce seul département, 38 églises paroissiales, il en a agrandi 14, a édifié 8 clochers et il est intervenu de façon importante sur 17 autres bâtiments religieux. Son œuvre civile est plus modeste : moins d’une dizaine d’édifices dont le château de la Bretesche et quelques hôtels particuliers de faible ampleur dans le quartier Nord de Rennes.

Arthur Regnault est né en 1839, à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), d’une famille très religieuse. Il meurt à Rennes, en 1932. Élève brillant, il sort ingénieur diplômé de l’École centrale, à 20 ans. En 1861, il est admis à l’École des Beaux-Arts de Paris, puis entreprend une grande tournée en Italie et enchaîne les voyages en France qui montrent un tropisme exacerbé pour l’art sacré. Il s’installe à Rennes en 1866 pour une carrière qui dure plus de soixante ans. Il édifie plusieurs hôtels particuliers, dans la ville, diverses demeures de campagne (château Létard, à Saint-Erblon) et une multitude de petits bâtiments (presbytères, écoles). Mais l’essentiel de son œuvre s’inscrit dans l’effort de reconquête de l’Église de France, sous le Concordat.

Arthur Regnault construit de neuf environ cinquante églises et vingt clochers, dans lesquels il adapte le grand art léonard (La Guerche-de-Bretagne) ou cornouaillais (Les Iffs). Il restaure, agrandit ou embellit une trentaine d’autres sanctuaires (Le Petit-Fougeray, La Chapelle-aux- Filtzméens), dans lesquels il dessine les plans ou les élévations, mais aussi les décors et le mobilier liturgique, tantôt avec discrétion (Moussé), tantôt avec richesse (Combourg, Liffré). Il est, à l’occasion, assez respectueux du passé pour garder d’anciens retables (Cornillé) et, même, construire autour d’eux, un nouvel écrin moderne (Coësmes).

Sa culture personnelle, très polyvalente, sa science de l’archéologie, très aigüe, transparaissent dans un catalogue éblouissant des styles historiques. On s’attend au néo-gothique, dont son mentor, le chanoine Brune, lui a enseigné les vertus, au début de sa carrière. Et il existe bien sûr (Saint-Aubin d’Aubigné) ! Mais Regnault manie avec la même dextérité le néo-roman (Lohéac, La Chapelle-des-Fougeretz), le néo-Renaissance (La Selle-en-Coglès) et, tout d’un coup, il innove : il importe en Bretagne un style romano-byzantin de son invention (Maxent), puissant, chtonien, sur lequel il ajoute d’élégants clochers à bulbes (Corps-Nuds, Saint-Senoux), de fins clochetons et baldaquins (Tinténiac). L’effet est d’une originalité inégalée : Regnault produit un véritable condensé de l’art européen et de l’histoire chrétienne (La Fresnais), dont l’influence s’étend, par l’intermédiaire de la congrégation des eudistes, jusqu’au Canada et, même, au Japon.

Source : « Arthur Regnault, architecte (1839-1932). La quintessence de l’art sacré. » Sous la direction de Jean-Yves Andrieux. 2011, Presses universitaires de Rennes.