La hache plate de Maxent
Une hache en cuivre du bronze ancien vers 2000 av. J.-C.
La hache plate découverte à Maxent en dehors de tout contexte archéologique est une hache du Bronze Ancien (vers 2000 av. J.-C.), qui pourrait être l’un des tout premiers essais de métallurgie armoricaine.
Les haches plates armoricaines
La hache plate de Maxent est une découverte isolée1. Cette hache du Bronze Ancien (vers 2000 av. J.-C.), qualifiée par l’archéologue Jacques Briard de « primitive » ou d’« ébauche », pourrait être l’un des tout premiers essais de métallurgie armoricaine.
Les haches plates en cuivre sont contemporaines des dernières réalisations mégalithiques. Elles ont une origine ibérique et sont souvent liées à la présence de céramiques campaniformes (céramiques en forme de cloche). Deux cents haches de ce type ont été découvertes en Bretagne, dont vingt-cinq en Ille-et-Vilaine.
Le mode usuel de la hache fut la hache plate, dérivée des instruments en pierre du Néolithique, simple lame de métal martelée. Les haches plates furent stockées en grande abondance dans la zone atlantique, dans des régions comme la Vendée peu riche en ressources métalliques. Cette richesse pourrait provenir plus d’échange et de contrôle des voies de diffusion que de fabrication locale. En effet, l’un des centres primordiaux de diffusion des cuivres fut la péninsule Ibérique et la Vendée a pu jouer un rôle de distribution de ces cuivres vers l’Armorique. En Bretagne, l’essentiel des haches plates provient de découvertes isolées avec parfois des concentrations sur la même commune […] Cette diffusion des haches « Ibériques » doit être liée à celle de la céramique campaniforme vers 2200-2000 av. J.-C. Les gobelets en forme de cloche décorés de motifs géométriques ont une histoire complexe, […] Ils apparaissent dans les derniers monuments mégalithiques, plus rarement en coffres isolés (Paimpont). […] La hache fut essentiellement un instrument agricole servant à la déforestation et peut-être au travail de la terre (houes). Quelques-unes ont cependant pu être déposées en offrande dans dolmens (Rondossec, Plouharnel) ou les premiers coffres de l’Age du Bronze (Landeleau). Cette production fut surtout liée à des importations mais quelques petites haches « primitives » ou « ébauches » pourraient être les premiers essais de métallurgie armoricaine (Maxent, Ille-et-Vilaine, Collinée, Côte-d’Armor). En conclusion, les haches plates sont les premiers témoins d’une métallurgie du cuivre en Armorique, antérieure au véritable Âge du Bronze. […] Sans parler véritablement d’Âge du Cuivre, on peut dire que les haches plates en cuivre sont des témoins qui montrent l’apparition de la métallurgie au temps des dernières civilisations mégalithiques.
GIOT, Pierre-Roland, BRIARD, Jacques et PAPE, Louis, Protohistoire de la Bretagne, Rennes, Editions Ouest-France, 1995. [pages 35]
L’analyse de la hache de Maxent
L’archéologue Jacques Briard s’est livré à un examen micrographique de la hache plate de Maxent qui a révélé le procédé métallurgique dont elle est issue.
Il s’agit d’une petite hache plate trouvée à Maxent (I.-et-V.). Sa forme irrégulière, son aspect boursouflé pouvait la faire ranger parmi les « haches-ébauches », sorte de demi-produits bruts de fonderie, différents des haches fonctionnelles à tranchant bien aiguisé par martelage et aux rebords souvent redressés également par martelage. Or l’examen micrographique montre une structure en mâcles qui ne peut être due qu’à un travail à froid suivi d’un recuit (le martelage à froid est un écrouissage). L’aspect extérieur n’est dû qu’à des phénomènes d’électrolyse et de corrosion dans le sol. C’est donc un exemple typique de l’intérêt des micrographies qui seules peuvent révéler la véritable structure du métal. L’aspect rugueux de certaines haches avait été autrefois expliqué comme résultant d’un coulage dans des moules imparfaits, humides, et où les gaz en partant provoquaient dans le métal de nombreuses irrégularités dont ces soufflures superficielles. La chose n’est pas impossible mais seule une structure de métal coulé la confirmerait. En résumé cette hache de Maxent a été écrouie puis recuite et son aspect extérieur n’est dû qu’à un phénomène d’altération (PI. I, Fig. 1).
BRIARD, Jacques et MARÉCHAL, Jean-René, « Étude technique d’objets métalliques du Chalcolithique et de l’Age du Bronze de Bretagne », Bulletin de la Société Préhistorique de France, Vol. 55 ; n°7-8, 1958, p. 422-430.
La hache de Maxent et les haches plates de Brocéliande
La hache plate de Maxent n’est pas de la seule découverte témoignant des premiers essais métallurgiques de la région de Brocéliande et ses environs.
Une hache plate a été découverte en 1892 dans le dépôt du Bronze Final de Plélan-le-Grand (142/33/60 mm).
Une autre découverte isolée, faite au Clio (ou au Clayo) à Caro (Morbihan) est actuellement conservée au British Museum à Londres (105/33/65 mm).
Une hache celtique, en cuivre, trouvée dans la paroisse de Muel est signalée par l’abbé Guillot en 1867 à la Société d’Archéologie d’Ille-et-Vilaine.
GUILLOT, Abbé, « Séance du 12 novembre 1867 », Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 7, 1870, p. LXXXV.
Deux haches plates ont été découvertes en 1901 dans les landes de Lanvaux à Pluherlin, peut-être en liaison avec les coffres campaniformes de cette région.
Contrairement à d’autres régions, aucune de ces haches contemporaines des derniers mégalithes n’est, à l’heure actuelle, associée aux céramiques campaniformes découvertes dans les mégalithes de Brocéliande, comme celles trouvées au coffre de la Guette en Paimpont.
BRIARD, Jacques, Mégalithes de Haute-Bretagne. Les monuments de la forêt de Brocéliande et du Ploërmelais, structure, mobilier, environnement, Vol. 23, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1989. [page 113]
Bibliographie
BRIARD, Jacques et MARÉCHAL, Jean-René, « Étude technique d’objets métalliques du Chalcolithique et de l’Age du Bronze de Bretagne », Bulletin de la Société Préhistorique de France, Vol. 55 ; n°7-8, 1958, p. 422-430.
BRIARD, Jacques, Mégalithes de Haute-Bretagne. Les monuments de la forêt de Brocéliande et du Ploërmelais, structure, mobilier, environnement, Vol. 23, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1989.
GIOT, Pierre-Roland, BRIARD, Jacques et PAPE, Louis, Protohistoire de la Bretagne, Rennes, Editions Ouest-France, 1995.
GUILLOT, Abbé, « Séance du 12 novembre 1867 », Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 7, 1870, p. LXXXV.
Notes
1. Nos recherches bibliographiques ne nous ont pas permis de dater la découverte de la hache de Maxent, ni le contexte de sa découverte.
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